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Jeanne
Ferron est née en 52, elle vit en Beauce.
Elle
a commencé professionnellement le métier de comédienne
en 79.
Le
feu sacré, il s’est déclaré chez Jeanne Ferron, elle
n’était encore qu’un petit lardon, mais ça ne l’a
pas empêchée de respirer.
Pendant
la puberté voilà qu’elle écrit des pièces où il y
a de l’esprit mais qui n’ont pas su s’imposer. Par
ailleurs, elle met en scène La leçon
d’Eugène Ionesco, où elle fait le rôle
du professeur, et elle interprète Bernada Alba, dans
La maison de Bernada Alba de Frederico
Garcia Lorca. Et puis jeunette, elle suit
des cours au conservatoire de Tours. André Cellier,
le premier lui enseigne le métier.
Grâce
à lui, elle est médaillée d’or pour le rôle de Marie
Tudor, pièce de Victor Hugo.
Elle aurait pu ainsi commencer sa carrière, mais voulant
s’assurer d’une roue de secours, par la philosophie
et la littérature, elle fait le détour. Licence de
lettres modernes et doctorat 3ème cycle
de philosophie, voilà son en-cas, et quelques années
durant elle fait du professorat. Elle se décide enfin
à faire son métier de comédienne, Ce n’est pas trop
tard et elle remonte la Loire, s’arrête à Blois, à
la Compagnie du Hasard. Dans L’île des esclaves
de Marivaux, on lui confie le rôle de Trivelin,
perché sur son cheval de bois, il sait ce qui va et
ce qui ne va pas. Tournée dans le Loir-et-Cher
qui n’a rien d’austère.
Cette
chose accomplie, elle remonte la Loire et s’arrête
à Nantes, la cité du commerce triangulaire. Au théâtre
du Galion elle participe à une collective création
Les îles Baladar de Jacques Prévert,
elle y tient le rôle de l’insulaire qui encaisse sans
avoir l’air. Le spectacle est joué au Printemps
de Bourges et dans la France entière. Après
ses voyages dans les îles, à la Marivaux et à la Prévert,
elle change d’élément et rejoint le Théâtre de Feu
à Mont-de-Marsan. A la première version du Tartuffe
de Molière, on s’attaque. Cette
version permet à la comédienne de jouer deux rôles :
Marianne, la jeune amoureuse et Dorine la servante,
sans âge. On ne peut pas dire que ça la chagrine,
et elle continue chez les trotte-menu : elle
est Juliette dans Le Roi se meurt d’Eugène
Ionesco. Puis elle persévère dans le rôle
de la fiancée, elle est Annie Pleyden dans La
chanson du mal aimé de Guillaume Apollinaire.
Avec la troupe du théâtre de Feu, elle fait des
tournées en Europe, principalement en Allemagne, mais
aussi au Portugal, à l’occasion du festival universitaire
de Coïmbra, et puis en Espagne, en Autriche, en Hollande
et en Suède.
Nouveau
départ, elle rejoint à la Chaux-de-Fonds le Théâtre
Populaire Romand, et dans La visite de la vieille
dame de Friedrich Dürrenmatt,
elle devient Madame Ill, la cocue cocufiante, et elle
incarne aussi des personnages anonymes :
le
contrôleur du train, la paysanne. Suisse Romande,
Italienne et Allemande accueillent le spectacle. Après
quoi, elle quitte le sol de Suisse, ce n’est pas une
sédentaire, elle gagne Saint-Nazaire où un mariage
l’attend, mais il est raté, malheureusement c’est
celui de Marianne, dans la pièce de Jean-Paul
Wenzel, Marianne attend le mariage.
Et puis voilà que la terre nantaise a besoin d’elle :
au
château des Ducs, spectacle de Michel Liard,
elle y joue David, le conseiller mythique de la duchesse
un véritable as de pique. Devant le Parlement de
Rennes, durant le festival des Tombées de la nuit,
on donnera aussi une tragédie.
Jeanne
Ferron, Nantes l’a gardée, au Théâtre de la Petite
Ortie, elle a fait son entrée et lancé ses réparties.
Elle a créé Hydrixine ou la nuit zoologique,
un
spectacle jeune public, dans lequel Madame Permanganate
de Potassium explique son curriculum. Beaucoup
d’écoles de Loire-Atlantique ont assisté à ses conférences
de haut vol.
Il
est temps de partir, elle va chez les normands, à
la Comédie de Caen. Elle plonge dans Strindberg, c’est
passionnant. Elle joue Ingeborg dans Le Chemin
de Damas, un destin en peau de chagrin, une
vie pleine de folie. Mais Paris l’attend, Ubu
d’Alfred Jarry, et l’atelier
Théâtre Image avait besoin d’elle. Dans Ubu, il y
a plein de rôles pour les cocus. Elle y a un emploi
de soldat qui bouffe du rat, de gueuse qui passait
par là, de princesse Podolie.
Sortant
de la fange, elle remonte sur les planches pour y
incarner la Pythonisse dans Le roi David
d’Arthur Honegger. Jean-Paul Salanne
dirige le domaine musical et nous ferons des tournées
en France, en Pologne et en Espagne et au Portugal.
Plus
tard, nous n’étions pas encore au temps des framboises,
elle reprend cette partition sous la direction de
Jacques Charpentier, et de splendides concerts
seront donnés dans le Val d’Oise.
Où
est-elle maintenant ? L’avez-vous perdue de vue ?
Elle n’est pas au bout de la rue. Elle est retournée
au pays c’est là qu’est sa maison et une partie de
sa vie. Au pays de Beauce, il s’est passé quelque
chose. Sur les contes, elle s’est penchée, et cela
l’a éclairée. Elle a adapté et raconte les contes
beaucerons, les contes tziganes,
et quelques autres des Frères Grimm
ou de Charles Perrault. Quel charmant
tableau ! Je vous promets que ça ne donne pas
envie de faire dodo. Certains de ses contes ont été
édités sous le titre Contes et Légendes de Beauce
d’hier et d’aujourd’hui, édition Royer-CLIO.
Dans
la Beauce, elle rencontre Le Centre de Littérature
Orale (CLIO) dirigé par Bruno de La Salle. Il adapte
La mare au diable, de George Sand.
Elle incarne la romancière qui légifère plus ou moins
à l’amiable. Le spectacle tourne en Région Centre.
Et
puis, ce n’est pas fini, Le CLIO lui propose de raconter
Rabelais aux tous petits. Elle se transforme
en infirmière. Auprès de Rabelais, elle gesticule,
dans un spectacle qu’on intitule Que grand tu
as ! Tournée à travers la France.
Le
glas ne sonne pas encore pour les héros de la littérature.
Après le curé de Meudon, autrement dit Rabelais, Jeanne
Ferron interpelle directement sa majesté Shakespeare.
Elle le supplie, le conjure de la laisser raconter
deux de ses chefs d’œuvre. Il accepte, prince généreux.
Alors Jeanne Ferron triture Shakespeare aux enzymes
gloutons, et le récupère en hémisphères : d’un
coté L’histoire de Macbeth, roi d’Ecosse,
de l’autre Juliette et Roméo.
Entendre
Shakespeare et mourir, c’est ce que Jeanne Ferron
s’évertue à proclamer.
Maintenant
que fait-elle ? Va-t-elle jeter l’éponge et rendre
son tablier ? Non, elle a d’autres secrets à
révéler : elle sait faire cuire le putois à la
provençale, tout en racontant Cendrillon manouche,
princesse nourrie au lait de truie.
Puis
en 98, elle sort son restant de tripes, et se met
à table. Au menu, il y a des contes si filets mignons,
si tendrons de veau … elle se décide pour une bavette,
et extirpe Les contes de la fille du boucher.
En
99, les sirènes du bogue résonnent. Jeanne Ferron
bloque ses écoutilles, elle préfère dire son amitié
pour les enfants et les animaux, dans des récits intitulés
Les contes de la mère Laie, récits écologiques,
et au goût sauvage.
2000 :
la fibre champêtre se confirme avec Du Rififi
dans les labours. Spectacle dont on a pu dire :
vous avez choisi di Rififi dans les labours, bravo,
sans souci sera votre séjour.
Alors
dans ce bucolique décor, retentit une voix de ténor,
celle de l’oncle d’Amérique, Edgar Poe, qui lui offre
mieux que l’Eldorado. Il lui confie deux trésors :
L’ange du Bizarre, et Le chat
Noir, deux merveilles poético-fantastiques,
à goûter le soir au clair de lune.
Avec
toutes ces belles choses-là, Jeanne Ferron voyage
par monts et par vaux. La France entière lui ouvre
ses chemins, merci belle France. Et il y a aussi le
Portugal, la Suisse, le Québec qui lui ouvrent leurs
portes, merci à vous beaux pays.
Tels
sont les chemins de Jeanne Ferron. Si Dieu lui prête
vie, elle continue sa route, en compagnie de ses amis,
D’autres
projets sont en gestation : par exemple La maison
que Raymond a bâtie, spectacle pour la Maison de Picassiette
à Chartres. Merci de nous avoir suivis jusqu’ici et
à bientôt.
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