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Edito septembre 2013

Les grands textes ou le conteur solaire

" Au festival Epos de cette année, à Vendôme, je me suis sentie profondément soulagée car j’ai été nourrie là où j’avais soif : j’ai pu partager avec l’équipe et le public ce goût, ce désir, cet amour - devenus trop rares - d’écouter les grandes œuvres de l’oralité. Nous avons vécu la splendeur d’un Mahâbhârata. Comme elle était radieuse, la conteuse, à une heure du matin, après quatre heures de récit ! Toute la soirée, contant sur son axe dans sa belle verticale, sa réception s’était faite don. Beaucoup de travail pour obtenir cela. Beaucoup d’humilité. Et un alignement à une grande tradition.
Cette radiance, je crois que c’est la tradition qui l’offre.
En effet, les récits traditionnels majeurs ouvrent des espaces dans l’intime des êtres. Cela vient du fait que leur source est lointaine. Reçus dans la conscience profonde, émanant du silence, ils nous nourrissent au-delà de la compréhension. Habités par la clarté, l’équilibre, la complexité humaine, la puissance, la sagesse, la lumière, la pure beauté, ils éveillent, dans l’esprit, l’intuition que quelque chose de vaste nous dépasse. Leur profondeur symbolique et spirituelle fait d’eux de grandes âmes vivantes.
Lorsque le conteur s’aligne à une tradition et s’engage dans le travail immense, humble et joyeux qu’elle exige, il y trouve son axe propre. C’est alors que la tradition le nourrit en retour, comme une chatte ses petits, l’inspire, le porte, le connecte. Voilà son cadeau ! Et finalement, c’est bien dans cet alignement que le conteur trouvera la justification la plus profonde à sa prise de parole.
La tradition ne lui demande pas « la lune » - créer une mythologie immédiate et efficiente qui refléterait le social ou réparerait le symbolique de notre monde. Elle lui demande d’être solaire ! C’est magnifique et heureux. " CZ