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Edito octobre 2014

Le Conteur en tant que Contenant

« Il arrive, quand on raconte, qu’on voie naître l’émotion d’un personnage et qu’on puisse en suivre l’évolution avec une si grande précision - pour la décrire et la faire passer - que cela nous offre, à nous conteurs mais aussi au public, l’occasion d’une empathie avec ce que nous sommes en train de visiter au plan humain.
Cela n’est possible que si le conteur ne vit pas la chose, bien entendu, s’il ne pleure pas avec un personnage triste, ou ne crie pas avec un personnage en colère. C’est tout le contraire ! Il s’agit, avec et dans le recul du conteur, d’offrir un contenant, un espace d’accueil centré et calme (l’axe du conteur), à un sentiment vif (celui du personnage), une colère, par exemple, ce qui la génère, comment elle grandit, sa justesse autant que sa démesure.

C’est le contraire du jugement. Bien souvent, on juge nos personnages ou on passe rapidement sur leurs sentiments « négatifs » comme en s’excusant. Là, le conteur écoute le personnage avec la disponibilité qu’il aurait pour un ami. Il le comprend. Ce qui ne veut pas dire qu’il l’approuve. Un personnage peut nous apprendre beaucoup sur l’humain.

C’est magnifique à vivre quand cela nous surprend sur scène – qu’un personnage se fasse mieux comprendre - sans qu’on y ait réfléchi avant. On entre alors en direct et avec le public dans l’épaisseur de la complexité humaine. Chacun en ressort avec une vision du monde transformée.

Un Spectacle de conteur peut ainsi enrichir l’expérience vécue. Par la parole, quelque chose s’est produit qui va plus loin que les mots, qui appartient à la compréhension de l’homme par l’homme, à la compassion, dans le sens de « être avec ». »

Catherine Zarcate