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Edito juin 2013

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Poétique des Structures : l’oreille de pierre

" Le rocher, par l’écorce terrestre, structure la Terre. L’os structure l’homme. De même la structure d’un conte porte le fil du récit, son plan symbolique et les liens inexprimés entre les deux qui, telles des résonances, font œuvrer le conte dans la psyché humaine.
Un conte bien construit possède une unité qui m’a toujours semblé être celle d’une goutte d’eau : un monde en soi, entier, autonome et stable. Quand on écoute un tel conte, n’éprouve-t-on pas un sentiment profond de complétude, de rondeur ; une satisfaction, voire une jubilation à voir que tout est si bien « bouclé », et que même dans les résonances profondes, la cohérence se poursuit, solide, inépuisable, comme nous ouvrant les portes infinies d’un ADN de la psyché ?
Le genre Conte tient de l’architecture et les conteurs sont des bâtisseurs de rêves ; à moins qu’ils ne fassent que révéler, désensabler nos mémoires ?
Il y a de l’ingénieur, aussi, dans le conteur : il sait qu’une erreur, un détail qui manque, et tout s’effondre. C’est son art, d’écouter cette structure qui œuvre. Et c’est cette écoute qui donne au récit puissance, profondeur et beauté, toutes qualités issues de l’équilibre.
Le conteur qui écoute développe « l’oreille de pierre », si je puis dire. Il écoute son conte avec la finesse du carrier qui écoute le granit changer de son quand il va céder. L’écorce terrestre aussi écoute, telle une immense oreille tournée vers les étoiles. Elle écoute les mémoires sidérales qui viennent la percuter. Tout est musique. " CZ