Vous êtes ici : Newsletters > Mars 2017
   


Edito

Le repos au cœur de l’action

Au cœur du désir de conter, se tient un secret très puissant qui nous pousse à exprimer notre amour sous une forme parlée et créer une rêverie partagée. Rêver ensemble, voilà tout un art ! Ce secret ne peut jamais être dévoilé ni exprimé.

La rêverie aussi est mystérieuse. On ne peut jamais savoir quel mot, quelle image, va éveiller la rêverie de l’autre. L’accès est tellement différent selon les gens... On sait seulement que les contes ouvrent les portes d’un monde immense. Ce sont de véritables moteurs de recherche ! Ils fouillent les psychés comme des archéologues du vivant. Les liens qu’ils proposent sont riches, vrais et profonds.

Il peut arriver que cette rêverie atteigne l’esprit supérieur niché en chacun de nous, tel un oiseau chanteur. C’est la joie du conteur, quand cet oiseau se fait entendre sur scène. Et c’est un grand travail d’artiste, que de se mettre en condition pour qu’advienne ce chant. On ne peut pas le faire volontairement. C’est une disponibilité…

Parfois, le conteur n’y arrive pas, ne trouve pas la transparence nécessaire. C’est difficile de rester à la hauteur de son oiseau intérieur ! On l’étouffe souvent par colère, soucis, agitation, chagrin, déception, frustration, bref toutes ces difficultés de nos vies.

Pourtant, cela ne tue pas l’oiseau. Cet oiseau là ne peut pas mourir… Il attend, plein de compassion, la moindre occasion de transpercer ces ombres de sa lumière. Cela arrive quand on exprime quelque chose qui nous tient particulièrement à cœur. Alors on se réunifie et l’oiseau chante ! Tout se transforme : la voix s’harmonise, la respiration s’apaise, l’ampleur revient, le repos s’installe au cœur même de l’action. Oui, sentir cette présence vivante de l’oiseau intérieur, tel est le seul vrai repos.

Catherine Zarcate