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Edito

Le succès

Avoir du succès est important pour un artiste. Il en a besoin. Mais malgré tout, pas autant que l’air qu’il respire ! Quand on commence à pratiquer, c’est le premier moteur, ce qui nous porte en premier, car le succès crée la confiance qui nous fait souvent défaut.

Le succès offre l’occasion d’ouvrir les portes de la générosité et de l’espoir : on a l’occasion de donner en grand format. C’est une grande chance. Pourtant, comme pour tout, il ne faut pas s’y attacher, devenir « accro », car il a aussi la dangerosité d’une drogue, bien entendu.

Quand il arrive, on doit donc assez vite porter son attention sur l’après et ménager sa descente. Car le succès est un pic. Par nature, il met la barre assez haute. Ensuite, le plus dur sera de retrouver ce niveau et faire attention à ne pas laisser se bloquer sa créativité. Le mieux est de trouver un nouveau chemin qui permette un autre succès. Car tout le monde connait la platitude des numéros deux !

Le succès nous donne l’impression que le monde nous répond, qu’on est à la juste place, qu’on a trouvé l’équilibre entre soi et le monde, qu’on peut s’exprimer et être reçu. Ceci est excellentissime si on est parvenu à s’exprimer réellement. Mais si notre travail est en porte à faux par rapport à nous-mêmes, si les concessions sont trop lourdes et qu’on a favorisé les clés du succès, on risque de s’être créé un piège douloureux dont il faudra se désengluer.

C’est un deuil, de lâcher ce qui marche trop bien. On a peur de ne pas retrouver d’idée ou de rester trop longtemps sec. Pourtant quand on fait les actes justes pour accueillir l’inspiration et que les compromis sont tenus à distance, on touche à une stabilité, une force, une justesse intime qui valent leur pesant d’or. La tranquillité d’avoir créé quelque chose qui ne nous maltraite pas est un trésor.

Catherine Zarcate