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Edito

La création

« La création pure d’un récit est un mystère qui nous dépasse. On porte en soi une idée sans forme ; on y réfléchit ; le temps passe. On rêve de personnages, situations, lieux, relations. Le temps passe encore. On se documente, on s’imprègne. On choisit des éléments en écoutant ce qui sonne juste. On saisit des liens, on devine des directions, on vise quelque chose d’encore vague, non révélé, et pourtant déjà là. Bref, on se parle, il faut écouter.

Écouter sans chercher à fabriquer, construire, ni composer demande d’être fin navigateur. On évitera le cabotage le long des structures types, pour affronter fièrement, tels les Argonautes, le passage étroit entre Charybde - les charges personnelles affreusement indigestes - et Scylla - les atroces et grimaçants messages et bons sentiments trop à la mode - pour filer droit devant vers l’inconnu en suivant la colombe... avec le coup de pouce des Dieux !.

De l’autre côté c’est large, avec une belle lumière qui permet d’accepter le vacant avec une certaine légèreté. Il reste à avoir assez de flair pour déceler, dans un détail infime, l’indice de quelque chose d’important ; accepter de s’égarer encore pour affiner le sentiment de quand c’est juste ; suivre en vain des pistes fantaisistes, mais reconnaitre la bonne à un rien. Enfin, sentir que le papillon du cœur vibre parce qu’on touche à l’essentiel.

La plus belle méditation est lorsque la nécessité s’exprime, sans raison explicite : « c’est comme ça ! », s’entend-on se dire à soi-même. C’est jubilatoire ! L’histoire nait et nous dépasse autant qu’elle nous exprime… Elle sera d’autant plus utile au monde qu’elle viendra de plus loin en nous. »

Catherine Zarcate